La chimie de nos corps en lien avec nos mots

CNV, neurolinguistique, changement social…

Première partie :

Outre la perspective que cela ouvrait, l’évocation d’un changement social avec la  Communication NonViolente(CNV) stimulait en moi des besoins de clarté, de plus ample compréhension.

 

J’avais entendu parler des actions de Marshall Rosenberg, de son rôle de médiateur avec la CNV dans des conflits armés, des conflits entre tribus, pays, que ce soir en Palestine et Israël, au Rwanda, au Nigéria, en Serbie, en Bosnie, ... J’ai lu, entendu des témoignages où il est raconté comment la CNV avait permis à des clans « ennemis » de renouer le dialogue, même ceux touchés par la mort de plusieurs de leurs membres, habités de violence, de désir de vengeance, de justice, … J’ai lu ses livres sur l’enseignement, la relation adultes-enfants, sa vision d’autres relations à l’école, d’où une autre manière de vivre l’apprentissage scolaire. …Engagée, au rythme qui est le mien, dans un projet de diffusion de la CNV dans le monde de l’Education, je perçois comment développer l’intelligence des émotions et des capacités relationnelles basées sur la coopération participent à l’émergence d’une autre manière d’être en relation, de faire société, d’où l’émergence d’un autre monde.

 

 Et il y a quelques semaines j’ai écouté une visioconférence de Gregg Bradden, et des ponts se sont créés dans mes perceptions, ma compréhension.

 

Gregg Bradden est un écrivain, explorateurs du potentiel humain, pionnier de l’épigénétique.  Depuis plusieurs années il étudie les langages anciens, le pouvoir des mots et bâtit des ponts entre science, spiritualité et potentiel humain.

 

Je vous partage ci-dessous ma compréhension de ce que j’ai entendu et les ponts que je dresse avec la pratique de la CNV.

 

Les mots sont liés à nos neurones dans le cerveau. La science nous dit aujourd’hui que les mots que nous utilisons déterminent, contrôlent la façon dont les neurones dans notre cerveau, notre cœur se connectent et s’activent, pour produire ensemble la chimie – l’alchimie – de nos corps en correspondance avec nos mots.

 

Des neurones dans le cœur !? Peut-être cette approche est-elle déjà familière pour vous !? Ou avez-vous déjà entendu parler d’intelligence du cœur !?

 

Et voici un premier pont : rappelez-vous le titre du premier livre de Marshall Rosenberg : « les mots sont des fenêtres ou des murs », qui présente les bases et différents thèmes à travers lesquels vivre la Communication NonViolente. D’abord cette invitation à nous relier à ce qui est vivant en nous, nos sentiments, besoins. Pour cela poser l’intention de la CNV qui est de prendre soin de la relation, de relations basées sur la bienveillance, le respect et la compréhension mutuels. Avec cette intention entrer en écoute de notre vécu intérieur, écouter nos émotions, les comprendre, en prendre l’entière responsabilité, et agir en conscience de cette vie intérieure porteuse de sens. Donner  place à l’action de notre interlocuteur, et/ou la nôtre, que dans les faits (observations de ce qui s’est passé) et dans la demande qu’elle soit de connexion ou d’action en coopération. Et bien entendu à nous relier également, par l’attitude empathique, au vivant en l’autre. Et en se faisant à s’ouvrir à l’intelligence du cœur en étant porté par la connexion et l’expression des sentiments et des besoins.

 

Ex : Mon conjoint/ma conjointe part tôt au travail, rentre tard et passe encore un certain temps devant son ordinateur à répondre à des mails, ou en visioconférence. Pendant ce temps je me retrouve seul(e) à gérer l’organisation de la maison, mais aussi dans les moments de détente. Cette situation peut engendrer chez moi de la frustration, de l’irritation, de la colère. Je pourrais être dans les reproches, critiquer cette manière de faire, fustiger, alimenter l’énergie de la colère de mes pensées que je ressasserai. Que se passe-t-il alors dans mon corps ? Comment est-ce que je me sens ? N’est pas de la crispation, de la tension ? Et si je m’ouvrais au vivant à l’intérieur de moi, avec cette intention de vivre de la bienveillance aussi vis-à-vis de moi, de l’autre, peut-être est-ce que j’entendrai des besoins de partage, complicité, écoute, tendresse qui puisque pas assez nourris pour moi dans cette situation éveille de la tristesse, de l’amertume et jusque de la tension. Comment est-ce que je me sens dans mon corps après m’être écouté(e) avec cette intelligence du cœur ? Même s’il y a de la tristesse dans le cœur, n’y aurait-il pas plus de douceur ? Voyez-vous comment le ressenti corporel, l’alchimie de nos corps peuvent être modifiés par les mots que nous utilisons ? Si nous exprimons de la colère, de l’irritation notre ressenti intérieur sera très différent que si nous nous relions à nos émotions plus profondes et que nous disons notre désarroi, notre besoin de réconfort, de soutien.

 

Retournons vers l’enseignement de Gregg Bradden (1)

 

Gregg partage son observation du langage chez les Hopis(2), tribu d’indiens qui vivent en Arizona. Leur nom signifie les pacifiques. 

 

Gregg Bradden  nous dit que dans leur langage, les hopis n’ont pas de mots pour décrire le futur, ni le passé. Leur langue est uniquement basée sur le moment présent. Et selon la façon de penser des hopis, nous vivons dans un univers qui est vivant et qui  se produit maintenant, au moment présent. Cela se reflète dans leur vision du monde où tout est connecté. Ils voient l’harmonie dans l’univers, dans la nature, dans leur communauté et ils voient la coopération. Et ils travaillent de manière très coopérative du fait de cette vision du monde. Au contraire, dans les langues anglaises, romanes tout est basé sur la séparation. Nous trouvons des mots qui marquent la séparation, qui construisent une vision du monde où nous nous considérons comme séparer du tout et des uns-des autres : Vous/toi et moi, ici et là, haut et bas, vrai et faux, … Et ceci constitue notre vision du monde, dans laquelle nous nous considérons comme séparés du monde et séparés les uns des autres.

 

Et malgré l’effet de ce vocabulaire, nous pouvons transcender cette dynamique qui se met en place, nous pouvons décider d’aller au-delà des limites de ce langage qui crée de la séparation. Comme les mots que nous pensons intérieurement, que nous utilisons déterminent la façon dont les neurones se connectent ensemble, nous pouvons choisir d’autres mots pour influencer le réseau neuronal de manière à ce qu’il dégage une chimie dans le corps qui reflètera un langage d’unité. Nous pouvons choisir un langage de connexion, de coopération.

 

N’est-ce pas là un autre pont possible avec la Communication NonViolente ? Au service de cette intention de développer et entretenir des relations basées sur la bienveillance, le respect et la compréhension mutuelle, elle nous invite à construire un monde de paix, d’harmonie par le choix de nos phrases, de notre expression. A partir du concept que chacun fait le mieux qu’il peut au moment où il agit, avec les circonstances et la conscience auquel il a accès à ce moment, la CNV nous appelle à sortir du jugement, de l’évaluation, de la critique qui séparent, pour entrer dans une démarche de compréhension mutuelle qui rassemble. Et ce en passant par l’écoute des émotions dans l’ici et maintenant. Le temps présent, le seul qui existe dans le langage des Hopis…

Gregg Bradden nous dit aussi que les mots que nous utilisons déterminent si nous coopérons ou non, si nous avons des conflits ou pas, si nous travaillons ensemble ou si nous faisons la guerre pour régler nos problèmes. Le pouvoir du langage peut soit nous unifier, soit nous séparer, nous diviser.

 

Je vous propose ici quelques exemples et vous invite à ressentir ce que ces différentes expressions ont comme impact à l’intérieur de vous :

 

1)

- La manière dont tu as saboté la relation ne me donne pas envie de reconstruire quelque chose avec toi.

Pourrait devenir :

- quand je me réfère aux difficultés que nous avons rencontrées dans le passé pour dialoguer, nous comprendre, je me sens peu de force, d’élan pour entamer avec toi un dialogue. Je vois que j’aurais d’abord besoin de nourrir la confiance qu’un changement est possible. Qu’en est-il pour toi d’entendre cela ?

 

2)

- Elle ne voit que son intérêt, le côté financier du projet de la concerne pas.

Pourrait devenir :

- elle est tellement investie dans son besoin d’harmonie, de beauté, de réalisation, qu’elle semble porter moins d’attention à la question financière du projet. Aurais-tu une idée de ce que nous pourrions mettre en place pour que la question de la trésorerie soit aussi abordée ?

 

3)

- C’est tout à fait irresponsable !

Pourrait devenir :

- Cette attitude, la spontanéité avec laquelle tu as agi, a des conséquences qui vont demander du temps, de l’énergie pour gérer la situation. Une action plus réfléchie nous aurait apporté plus de légèreté, de fluidité.  Comment vis-tu maintenant cette situation ?

 

A travers ces différents exemples, est-ce que vous percevez les mots qui divisent, séparent et ceux qui ouvrent à la rencontre, la compréhension au-delà des différences, du conflit ?

 

S’exercer, s’entrainer :

 

Désirez-vous expérimenter cette démarche et vous mettre à l’écoute de votre ressenti corporel ?

 

D’abord mettez-vous en lien avec une intention de bienveillance, de respect, de compréhension aussi bien de vous que de l’autre. Etes-vous prêt(e) à prendre soin de la relation ? C’est la question primordiale.

 

Ensuite identifiez une situation où vous avez envie de reprocher quelque chose à quelqu’un.

 

Comment vous sentez-vous quand vous pensez à cette situation? Quels sont vos ressentis corporels ?

 

Ecrivez spontanément les reproches qui vous viennent. Cela va vous permettre de vider votre sac, de faire de la place pour y mettre autre chose.

 

Comment vous sentez-vous après avoir écrit cela ? Quels sont vos ressentis corporels ?

 

Puis, prenez le temps du recul, comme si vous observiez une scène qui vous ne concerne pas. Que verriez-vous réellement ? Qu’aurait enregistré une caméra de surveillance ? Pouvez-vous décrire les faits d’une manière la plus neutre possible ? Sans y mettre d’intention, d’évaluation, d’émotion ?

 

Dans cette situation, qu’auriez-vous aimé vivre et qui a été empêché ? Quelles sont vos valeurs, vos moteurs de vies qui n’ont pas pu être rencontrés ? En CNV nous les appelons besoins. Vous en trouverez toute une liste via ce lien (3).

 

Qu’est-ce constat éveille en vous comme sentiments ici et maintenant ? (4)

 

Comment vous sentez-vous après avoir écrit cela ? Quels sont vos ressentis corporels ?

 

Qu’aimeriez-vous exprimer et à qui, tout en prenant soin de la relation ?

 

Nous  nous sentons différents en présence de certains mots. Gregg Bradden nous parle de la beauté des mots utilisés dans les traditions ancestrales et de leur effet sur la chimie du corps.

A découvrir, avec des liens vers la CNV, dans une prochaine publication.

 

Si vous le désirez, vous pouvez laisser un commentaire, me contacter via mail gilkidom@gmail.com, via Messenger ou WhatsApp : Dominique Gilkinet

 

 

 

 

 

1) https://www.youtube.com/watch?v=LbvB-bA8A98&feature=share&fbclid=IwAR1SZlbQmvQPMXiTQFnbW70sK6nDgRRwATKz-w6o0A-Ce9evkh-o5uUyy2k

(2) https://www.spirit-science.fr/doc_terre/hopi.html

(3) https://www.danscesmomentsla.com/uploads/7/8/9/9/7899751/liste_besoins_cnv.pdf

 

(4) https://fr.nvcwiki.com/images/Roue_des_16_sentiments.pdf

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