CNV, neurolinguistique et immunité

 

Dans le précédent post, je partageais que nous pouvons, quand nous nous exprimons, choisir les mots qui stimulent la coopération plutôt que la division(1).

 

En effet, nous  nous sentons différents en présence de certains mots. Gregg Braden nous parle de la beauté des mots utilisés dans les traditions ancestrales et de leur effet sur la chimie du corps(2). Quand nous utilisons certains mots, ils se relient à l’énergie dans la conscience et la psyché humaine qui a été alimentée pendant des centaines de milliers d’année. La science nous dit maintenant que lorsqu’on a ce ressenti on crée un neuropeptide, une substance chimique très spécifique dans le corps humain. Et nous créons des neuropeptides très spécifiques qui correspondent aux sentiments que nous avons. C’est pourquoi nous sommes changés au plan physiologique en présence de la beauté, en présence de certains mots.

 

Pour plus de clarté, si nous faisions un petit détour du côté de ces neuropeptides !?

 

« Les neuropeptides jouent un rôle crucial dans les fonctions métabolique et immunitaire.  De nombreuses recherches ont mis en évidence la correspondance entre nos états émotionnels et la production de certains de ces neuropeptides, comme l’ocytocine, le cortisol ou l’adrénaline. »(3)

 

Face à un danger, le taux de cortisol s’élève dans notre corps… ce qui va stimuler l’action, nous permettre de réagir, nous sauver. Cela est positif à court terme. Mais si nous vivons fréquemment des situations de stress, de peur ou que la colère s’installe durablement, l’excès de cortisol et d’adrénaline peut entraîner différents problèmes de santé, et une baisse du système immunitaire !

 

Les pensées négatives modifient également la chimie de notre corps en générant une sécrétion excessive de cortisol…

 

Si le stress bloque la sécrétion d’ocytocine, l’ocytocine diminue le stress en faisant baisser le taux de cortisol.

 

« Il ressort des recherches menées par Candace Pert (4) que la joie, l’amour, le bien-être et la sérénité sont des émotions immunostimulantes. Tandis que la colère, la peur, la haine, le dégoût, la tristesse ou la dépression sont des émotions immunodéprimantes. »(5)

 

L’ocytocine quant à elle procure du bien-être, aide à percevoir les émotions, diminue le stress.

 

« L’ocytocine déclenche la sécrétion successive de plusieurs molécules : la dopamine, les endorphines et la sérotonine. »(5)

 

La dopamine active la motivation, donne du plaisir. Par la libération d’endorphines naît la sensation de bien-être. Et en favorisant la sécrétion de la sérotonine, l’ocytocine participe à la stabilisation de l’humeur.

 Elle favorise l’attachement, le sentiment amoureux, nourrit le besoin de confiance et favorise l’empathie. Elle participe aussi à diminuer les conflits, réduire l’anxiété, favorise la coopération, l’altruisme, augmente et permet une résilience.

 

 « Les relations, les contacts agréables déclenchent la sécrétion d’ocytocine. »(5) Appelée aussi l’hormone du bonheur, elle est aussi celle de l’attachement, du lien familial, social. Elle est produite lors de toutes relations affectueuses, lorsque l’on reçoit des compliments, des marques d’intérêt, de la bienveillance, de la considération, de la tendresse, que l’on passe du temps avec les personnes que l’on aime… .

 

Les relations avec des personnes agréables, sereines déclenchent la sécrétion d’endorphines dans notre cerveau, produisant un sentiment de paix intérieur et de bonheur. Ces sentiments nous donnent la force, l’assurance pour surmonter les situations difficiles au lieu d’agresser ou de fuir.

 

Si les pensées négatives modifient également la chimie de notre corps en générant une sécrétion excessive de cortisol… nos pensées positives génèrent elles une sécrétion d’ocytocine.  Et nous pouvons influencer nos pensées. Nous le pouvons via différentes pratiques, et entre autre en posant d’abord une intention de rester en connexion avec la beauté, la bienveillance et en choisissant avec attention les mots, les expressions que nous utilisons et celles que nous évitons.

 

Revenons à la beauté des mots évoquée par Gregg Braden et à la CNV…

 

Ce regard porté par l’idée que la beauté est en tout,  évoque chez moi cette chanson jouée par  Marshall à la guitare « vois la beauté en moi »(5). Voir chez autrui la beauté de son humanité !

 

 Est-ce que voir chez autrui cette beauté, son besoin d’amour, de connexion, de soutien, de confiance, de sécurité, de ….. , pourrait avoir sur lui et sur nous le même effet que la beauté des mots utilisés dans les traditions anciennes ?

 

Est-ce que lorsque nous nous relions aux sentiments et aux besoins nourris par l’action de l’autre, que nous rentrons en empathie avec sa réalité intérieure, nous développons en nous une vision de beauté qui aurait un effet sur la chimie de notre corps ? Ou comme nous l’avons découvert plus haut, est-ce l’action des neuropeptides et plus particulièrement de l’ocytocine qui favorise l’attitude empathique ? Et si l’un entrainait l’autre ?

 

Avez-vous déjà eu l’occasion, la chance d’être témoin de ce moment où, par le pouvoir de l’empathie, une personne se reconnecte à la vie en profondeur à l’intérieur d’elle ? Avez-vous déjà été témoin de la détente du corps et ressenti l’énergie qui se dégage à ce moment ? Avez-vous déjà perçu à l’intérieur de vous un pétillement au niveau de vos cellules ? Un état de bien-être, d’harmonie ? Est-ce l’action des neuropeptides ?

 

Gregg Braden nous dit aussi que lorsque nous commençons à nous sentir en sécurité, ce sentiment devient une chimie de sécurité dans nos corps. Et nous commençons alors à créer une chimie de guérison, de régénération, de rajeunissement. Quand nous ne sommes pas en sécurité, nous nous concentrons sur une énergie de combat ou de fuite.

 

La CNV nous accompagne vers cet état de sécurité intérieure. Quand vous pratiquez la Communication NonViolente, vous pouvez vivre cette expérience d’un ressenti d’apaisement, de réconfort, de soutien lorsque vous établissez la connexion avec les besoins éveillés en vous. C’est comme un ancrage dans de nouvelles forces, une prise de conscience qui ouvre des perspectives de réalisation, de rebond, de construction, de reconstruction….

 

Et nous pouvons aussi aider les autres à se reconnecter à la beauté en eux. En décidant du regard que nous posons, en choisissant plutôt qu’une attitude de combat, que le jeu de «qui a tort - qui a raison», une intention de considération, de compréhension!

« Il existe un pouvoir dans les mots, dans le motif, la forme des mots… »(2) Nous pouvons mettre ce pouvoir au service du bonheur dans nos vies.

 

Voici quelques exemples de ce que permet la pratique de la CNV, de comment elle peut à travers les mots choisis, nous ouvrir à la beauté des besoins qui nous traversent et ainsi écouter la beauté de la vie qui danse en nous :

 

-  « Tu ne m’écoutes jamais ! » deviendrait « j’ai besoin de m’exprimer, j’ai besoin d’écoute… serais-tu disponible quelques instants ? »

 

- Une enfant émet des rires nerveux, se moquent des autres. Un premier réflexe serait de lui demander d’arrêter, de lui expliquer que ce n’est pas bien d’agir ainsi, qu’il agit mal… et peut-être même le punir en espérant qu’il change d’attitude !  A votre avis, quelles hormones se dégagent en lui s’il se sent évaluer, juger, sanctionner ?

Et si nous lui l’aidions à reconnecter à la beauté des aspirations qu’il porte en lui :

« Est-ce que tu ressens de la tension, de l’inconfort à l’intérieur de toi ? Aimerais-tu te sentir plus en sécurité, en confiance ? Est-ce quelque chose comme cela ? Qu’aimerais-tu dire à ce sujet ? » 

 Et après un temps de connexion, de compréhension, d’accueil de ce qu’il vit, de reconnexion à la beauté de la vie en lui,  exprimer  la beauté de ce que nous vivons, de ce à quoi nous aspirons. Ce qui pourrais s’exprimer de la sorte :

« Lorsque j’entends des moqueries, je ressens que l’espace se resserre à l’intérieur de moi. Parce que j’aimerais vivre dans un monde où il y a de la place pour chacun, où chacun est accueilli en sécurité comme il est. Et quand j’entends des rires, de moqueries, c’est comme si la réalisation de cela devenait impossible, ou au moins bien plus difficile. Et cela éveille en moi de la tristesse, de la frustration. »

 

- Une personne âgée qui dit souvent « Ce sont tous des incapables ! ». Je pourrais argumenter, essayer de la convaincre du contraire, … Je peux aussi la rejoindre, et l’aider à reconnecter à la beauté de ses aspirations profondes.

« Est-ce que cette situation est difficile pour toi ? Aimerais-tu que ton avis soit  plus écouté, pris en considération ? Peut-être aimerais-tu pouvoir contribuer, partager tout ce que tu sais, ce que tu es ? Retrouver plus de possibilité d’action, de coopération ? Peut-être est-ce la diminution de ton autonomie qui est si difficile à vivre ? »

 

La beauté ce n’est pas uniquement ce qui va bien, ce qui est parfait dans le meilleur des mondes. La beauté est de pouvoir reconnaître ce qui est, y compris l’intensité du manque, de la souffrance. Cela donne une indication sur la beauté, le précieux des besoins qui demandent de l’attention. Et les reconnaître, c’est déjà leur donner de l’attention, mettre en relief leur importance dans nos vies.

 

- Quelqu’un crie, se fâche, et s’en va en claquant la porte. Je pourrais penser « quel colérique celui-là ! Jamais content…». Porter un jugement ou ouvrir un  chemin de compréhension ? Qu’est-ce qui m’apporte plus de bien-être intérieur ? Si je pose l’intention de la compréhension, cela pourrait donner ceci :

« Peut-être a-t-il besoin de calme, de sérénité, de paix intérieure ? De changement, de perspective ?  Ou de pouvoir accueillir la différence entre ce qui est et ce qu’il aimerait qui soit ? »

 

Et vous, avez-vous quelques exemples d’expression, de mots qui génèrent le bien-être ? Quels sont les mots que vous aimez entendre ? Ceux que vous préférez ne pas entendre ? Et ceux que vous aimez prononcer ?

 

« Il existe un pouvoir dans les mots, dans le motif, la forme des mots… La science nous aide à comprendre cette relation. Et une fois que nous comprenons cette relation, nous savons ce qu’il faut faire d’avantage pour être plus efficace…et peut-être que ce qui est moins efficace doit être abandonné. »(2)

 

Si comprendre est une étape importante qui ouvre au changement, pour asseoir cette nouvelle conscience, il est aussi nécessaire de sortir de « nos pilotes automatiques », de nos habitudes pour nous renouveler, aller vers cette autre manière d’être en relation, de nous exprimer. Et pour nous aider à intégrer cet autrement, l’entraînement est un bon soutien. 

Gilkidom, 9 février 2021

 

(1)  https://www.cnvetpleineconscience.be/gilkidom-danse-avec-la-vie-19-janvier-2021-la-chimie-de-nos-corps/

(2) Gregg Braden «Qui sommes-nous ?» https://www.youtube.com/watch?v=LbvB-bA8A98&feature=share

(3)  La fabrique à kifs, florence Servan-Schreiber, Audrey Akoun et isabelle Pailleau, Poche-Marabout

(4) https://candacepert.com/

(5) Pour une enfance heureuse, DR Catherine Gueguen, ed. robert Laffont

(6) Marshall Rosenberg : https://www.youtube.com/watch?v=1fFRPYGDa-0

 

 

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