Dire ou pas dire? Oui, mais comment?
Et si je choisis de dire, comment éviter :
le "JE" qui juge,
le "TU" qui tue,
le "ON" qui se cache,
le "NOUS" qui s’impose,
le "VOUS" qui critique,
le "ILS" qui méprise ?
ET si nous essayons le JE ET le TU interrogatif ! Le Je qui exprime ET écoute.
L’écoute du TU et la reformulation en mode interrogatif, au conditionnel qui nuance, ouvre à la coopération, crée un espace de dialogue entre moi ET toi.
Un peu plus de concret ? Voici quelques exemples :
Le JE qui juge ….
« Je te l’ai déjà dit que ce n’est pas comme cela que tu te sortiras de cette situation. A mon avis si tu continues comme cela, tu vas t’épuiser. Tu vas droit dans le mur ! »
… deviendrait
« A t’entendre je suis inquiète. Je me demande si tu vois comment résoudre cette situation, améliorer la dynamique de l’équipe. Qu’aimerais-tu dire à ce sujet ? As-tu pu en parler avec le RH ? Aurais-tu besoin de soutien ? Vois-tu sur qui tu pourrais compter pour faire évoluer cette question ? »
Le Tu qui tue …..
« Tu ne devrais pas délaisser ainsi tes parents. Ils sont âgés, ont besoin d’aide. Tu devrais t’arranger pour pouvoir les aider, aller les voir plus souvent ! »
… deviendrait
« Je suis intriguée, attristée quand je t’entends dire que tu n’as pas la possibilité de prendre plus de temps pour tes parents. Est-ce bien cela ? Comment vis-tu le fait qu’ils prennent de l’âge et qu’ils sont parfois démunis pour faire face au quotidien ? Serais-tu d’accord que nous en parlions ? »
Le ON qui se cache…
« On va faire les courses, on va préparer le repas, on va faire la vaisselle, on va vider les poubelles, on va ranger la maison, on va…. »
Ou encore
« On va gérer cela. On va rédiger le document. On ira le distribuer. »
… deviendrait
« Qu’est-ce que vous désirez manger cette semaine ? Qui peut prendre une partie de l’organisation des repas avec moi ? Il y aurait à établir la liste des courses, faire les courses, participer à l’élaboration des repas, puis de la vaisselle et du rangement de la cuisine, de la maison. Qui peut participer à quoi ? Et si nous placions un tableau pour organiser les interventions de chacun ? Qu’en dites-vous ? »
Ou encore
« Pour terminer ce projet dans les temps, il y aurait à rédiger l’éditorial, interviewer l’auteur du livre, prendre contact avec l’imprimeur, dessiner une affiche pour la conférence, préparer la mise en page, prendre contact avec la presse, réserver la salle, relire les textes une fis rédiger…. Est-ce que l’un d’entre vous voit autre choses à faire ? Qu’en est-il pour vous à la perspective de toutes ces tâches à réaliser ? Qui voudrait exprimer quelque chose à ce sujet ? Seriez-vous d’accord que nous regardions ensemble le tableau des actions à mener et le calendrier ? Y aurait-il quelque chose à ajouter ? Bonifier ? Qui serait d’accord de prendre en main une des tâches ? »
Le NOUS qui s’impose ….
« Nous allons organiser un grand événement pour fêter l’anniversaire de notre mouvement. Nous allons louer une salle, prendre un traiteur, inviter des orateurs… »
…deviendrait
« Que diriez-vous d’organiser un événement pour fêter l’anniversaire de notre mouvement ? Est-ce que cela vous dirait que nous prenions le temps d’en parler ensemble ? Nous pourrions commencer par un brainstorming, puis voir ce que nous pourrions décider ! Qu’en dites-vous ? »
Le VOUS qui critique…
« C’est toujours la même chose avec vous ! Vous n’êtes pas fiables. Vous dites que vous allez changer la situation, et nous ne voyons aucun changement. Vous ne faites pas mieux que vos prédécesseurs !»
… deviendrait
« Nous sommes étonnés, intrigués et même irrités de ne pas encore voir de changements depuis votre prise de fonction. Pouvons-nous nous rencontrer pour en parler ? Nous aimerions comprendre ce qui se passe, avoir plus d’informations, de clarté sur ce que vous mettez en place. Seriez-vous d’accord de nous informer ? »
Le ILS qui méprisent …
« Tu as vu leur jardin dans quel état il est ! Ils ne sont même pas capables de l’entretenir correctement. A quoi cela sert d’avoir un si grand jardin alors ! En plus ils ne travaillent pas ! Ils sont incapables de trouver un travail ! Et leurs enfants, tu as vu comment ils sont habillés, puis ils traînent à pas d’heure dans le quartier ! Ils ne savant pas non plus éduquer correctement leur enfants »
… deviendrait
« Quand je vois le jardin de mes voisins dans cet état, il est vrai que cela crée en moi de l’irritation. J’aimerais quand je regarde par la fenêtre, quand je sors, être entouré de plus d’harmonie, de beauté, d’espace de calme. Je ne comprends pas comment, alors qu’ils ont du temps parce qu’ils ne travaillent pas, ils ne consacrent pas plus de temps à l’entretenir. Nous avons une vision bien différente de comment cela pourrait être. Et il en va de même avec les enfants. Nous ne laissons pas autant de liberté à nos enfants. Nous veillons à ce qu’ils rentrent plus tôt, pour pouvoir se reposer et être en forme pour aller au cours le lendemain. Nous sommes attentifs à ce qu’ils soient soignés, polis. Ce n’est vraiment pas facile pour moi d’être confronté à ces façons différentes d’être, d‘agir !»
Oui, cette manière de nous exprimer nous demande de prendre plus de temps pour être dans la rencontre, la compréhension de l’autre, l’accueil des différences, pour vivre le dialogue. Elle nous invite à la stratégie des petits pas.
Et en même temps, cette dynamique ouvre à la coopération, l’interaction, renforce les liens, ouvre à la considération mutuelle.
Et si « Tout seul nous allons plus vite, ensemble nous allons plus loin»*, le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?
* proverbe africain
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